Publié le 22 déc. 2022 à 18:08Mis à jour le 22 déc. 2022 à 18:30
Au sein de la Nupes, personne ne veut entendre parler d’une réforme des retraites pour répondre aux besoins de financement . C’est une erreur selon Terra Nova, qui veut explorer une voie alternative à celle du gouvernement. Le think tank classé au centre gauche publie ce jeudi une note dessinant les grandes lignes d’une réforme qui pourrait être portée selon lui par une gauche de gouvernement.« Les progressistes ne peuvent accepter de devoir choisir entre un coûteux statu quo et une réforme inéquitable qui fragilise les plus modestes. Les pistes ne manquent pourtant pas pour construire une réforme alternative conciliant justice sociale et responsabilité budgétaire », est-il écrit dans ce document.
Critiques contre LFI
Déjà au printemps, Terra Nova s’était démarqué de la Nupes, attaquant frontalement dans une note précédente le programme économique et européen de LFI, qui avait largement inspiré celui de la coalition de gauche. Bis repetita sur les retraites : quand LFI et une partie de la gauche plaident toujours pour le retour de la retraite à 60 ans, celui-ci fustige au contraire « l’aveuglement sur la situation financière de nos régimes ».Or « tous les scénarios convergent sur l’existence d’un déficit structurel des retraites jusqu’en 2043 au moins », écrit « Fipaddict », un enseignant en économie et finances publiques intervenant régulièrement dans le débat public. L’auteur de la note relève que le scénario moyen aboutit à « des déficits cumulés sur la période de 10 points de PIB », et donc une dette dont les intérêts coûteraient 6 milliards d’euros par an.
« Brutalité » du gouvernement
La note avance également que le scénario « le plus raisonnable » – celui qui verrait l’Etat réduire son taux de cotisation pour tenir compte de la baisse à venir de la masse salariale des régimes publics – aboutit à « un déficit sans discontinuité jusqu’en 2070 générant un endettement cumulé de 25 points de PIB ». Oublier ce problème de financement menacerait de « faire porter l’effort de consolidation budgétaire en sortie de crise sur des dépenses qu’il faudrait au contraire préserver », comme l’éducation ou l’investissement public.De quoi justifier une réforme des régimes de retraite, qui ne peut toutefois pas être pour Terra Nova celle du gouvernement, jugée « brutale et inéquitable ». L’exécutif veut jouer avant tout du recul de l’âge légal de départ de 62 ans à 64 ou 65 ans, mais « la hausse de l’âge légal pèse plus fortement sur les plus modestes et se traduit à l’inverse par un léger gain pour les plus aisés ».Le think tank préconise de jouer de 3 leviers, afin de dégager les 16 milliards d’économies nécessaires à l’horizon 2030. D’abord « une augmentation raisonnable de l’âge de départ à la retraite », qui apparaît légitime dans la mesure où « la France se singularise par un âge de départ particulièrement précoce ». Terra Nova propose de relever l’âge légal à 63 ans, et d’accélérer la réforme Touraine qui prévoit une augmentation de la durée de cotisations à 43 ans. De quoi générer 12 milliards d’économies.
Faire contribuer les entreprises et les retraités actuels
Deuxième levier, il s’agirait de faire contribuer les entreprises et les retraités actuels. Pour les premières, cela passerait par la fin des exonérations de cotisations comprises entre 1,6 et 3,5 SMIC (4 milliards d’économies). Mais surtout, le think tank milite pour demander un effort à une partie des retraités – sujet très sensible politiquement – dans la mesure où ils bénéficient encore d’un niveau de vie supérieur à celui de l’ensemble de la population.Cela pourrait passer par une forme de désindexation des pensions, ciblée, de façon à générer 4 milliards d’économies. Un montant qui pourrait être réinvesti dans des mesures sociales d’accompagnement des plus modestes. « Il faut accepter de sortir des jeux de rôle pour prendre le risque de la recherche du compromis », insiste Terra Nova.